« Je ne sais pas si vous allez me croire, mais il m’est arrivé quelque chose de vraiment étrange. J’ai distinctement senti le parfum de ma mère quand j’étais en train de lire seule sur mon canapé. L’odeur est restée un certain temps donc je sais que je n’hallucinais pas ».
Dans mon cabinet, les récits de ce type sont réguliers. Certains parlent de la silhouette reconnaissable du défunt qui apparaît soudain dans un couloir vide, d’un téléphone qui s’allume seul sur la photo du défunt, du bruit de pas reconnaissable juste derrière la porte. D’autres me racontent des rêves d’une intensité telle qu’ils se réveillent convaincus d’avoir réellement passé du temps avec la personne disparue.
Ces expériences portent un nom : les VSCD — Vécus Subjectifs de Contact avec un Défunt. Et ce qu’elles révèlent du deuil, de la psyché humaine, mais aussi de la profondeur du lien, dépasse largement ce que l’on enseigne dans les manuels de psychologie.

Qu’est-ce que les VSCD ?

Les VSCD désignent ces expériences spontanées — et presque toujours inattendues — où une personne en deuil a la sensation « plus vraie que nature » d’un contact avec un proche décédé. Elles sont fréquentes en deuil et en fin de vie, très apaisantes pour la majorité, et ne relèvent pas d’un délire ou d’une hallucination au sens psychiatrique.

Les formes les plus courantes décrites en VSCD sont :

  • présence ressentie dans une pièce, enveloppante, avec sensation de paix, d’amour, de chaleur.
  • perceptions sensorielles :
    • visuelles (vision partielle ou complète du défunt)
    • auditives (entendre sa voix, un mot, une phrase)
    • tactiles (geste familier, main posée, contact sur l’épaule)
    • olfactives (odeur liée au défunt, parfum, tabac, cuisine)​
  • manifestations symboliques ou « physiques » : lumières ou appareils qui s’allument/s’éteignent, objets qui s’arrêtent à l’heure du décès ou qui tombent sans raison.

Une cliente m’a confié il y a peu que, le jour et à l’heure exacte où son grand-père est mort, l’acacia qu’il avait offert à son fils des années plus tôt s’est fendu en deux, par un jour de ciel bleu. Inexplicable. Faut-il y voir un signe ? Selon elle, ça lui ressemblait bien de partir avec fracas.

L’expérience est souvent brève mais marquante et laisse un sentiment durable de réalité et de transformation intérieure. Tous ces phénomènes ont une chose en commun : ils ne sont pas recherchés. Ils arrivent sans prévenir, au détour d’un moment du quotidien, parfois de très nombreuses années après. Ils apparaissent chez des personnes parfaitement rationnelles, conscientes, psychiquement stables, qui ne confondent pas la réalité matérielle avec l’expérience vécue. Elles savent que le défunt est mort, et pourtant, quelque chose se produit.

Certaines personnes cherchent ardemment un signe sans jamais en vivre, tandis que d’autres, qui n’y pensent pas ou n’y croient pas, se retrouvent un jour à vivre un VSCD inattendu Un client m’a dit: « Je n’ai jamais cru à la vie après la mort, mais là, c’était comme si mon père était venue me dire au revoir. Je l’ai vu de mes yeux et je l’ai entendu me parler. »

J’ai vu des mères profondément fusionnelles ne jamais percevoir quoi que ce soit, et des parents plus éloignés vivre une rencontre bouleversante. Cela me pousse à croire que ce phénomène échappe à notre volonté, à notre foi, et même à l’intensité du lien.

Deux grands contextes se distinguent dans la littérature :

  • chez les endeuillés, les jours, mois ou années après le décès
  • à l’approche de la mort : des personnes âgées ou en phase terminale affirment voir des proches décédés qui viennent les chercher ou les rassurer.

Qu’en dit la recherche ?

Données issues des personnes endeuillées

Il n’y a pas encore de preuve matérielle, et il n’y en aura peut-être jamais. Mais la science reconnaît leur fréquence, leur cohérence, leur impact émotionnel profond. Dans les grandes enquêtes internationales menées, notamment, par la chercheuse Evelyn Elsaesser, une proportion impressionnante de personnes en deuil affirment avoir vécu de tels contacts au cours de leur vie.

Certaines études évoquent plus d’un tiers de la population générale, et des chiffres bien plus élevés encore dans l’année suivant un décès. D’autres travaux, — comme ceux du psychiatre gallois W. D. Rees dans les années 1970 — mentionnent déjà que près de la moitié des 300 veufs et veuves de l’étude déclaraient avoir « vu », « entendu » ou « senti » la présence de leur conjoint décédé.

Et pourtant, très peu en parlent spontanément. La peur d’être pris pour un fou, d’être jugé, est encore bien trop présente.

Données issues des soins palliatifs

Les études en soins palliatifs révèlent une prévalence élevée, jusqu’à 88 % des patients en phase terminale, avec des contenus cohérents et réconfortants centrés sur des figures aimées. Contrairement aux idées reçues, ces phénomènes ne s’expliquent pas par des médicaments ou de la confusion, mais par une acuité émotionnelle accrue. Les patients gardent généralement une conscience de la frontière entre la chambre d’hôpital et ce qu’ils voient, et peuvent décrire ces expériences avec une grande précision, parfois plusieurs jours après.

Mon expérience en 15 ans de cabinet confirme ce que les études montrent : ces phénomènes sont bien plus fréquents qu’on ne l’imagine, et ils n’ont rien de pathologique en eux-mêmes.

Hypothèses actuelles

Ce qui frappe dans l’ensemble de ces recherches, c’est que ces expériences ne présentent ni les caractéristiques des hallucinations psychotiques, ni celles d’un délire. Elles ne menacent pas la personne, ne la coupent pas du réel, ne génèrent pas d’angoisse majeure. Elles sont, au contraire, très souvent rapportées comme apaisantes, cohérentes, profondément consolantes.

Ces constats amènent alors une autre question : comment les expliquer ? Les neurosciences avancent quelques hypothèses. Elles supposent qu’en état de deuil, le cerveau cherche à réorganiser l’absence et à maintenir le lien. Cette machine complexe et remarquable pourrait ainsi produire des images, des voix ou des sensations : des réponses adaptatives en somme, ce qui est déjà magnifique.

Mais objectivement, il existe aussi des moments où l’explication rationnelle ne suffit pas, où les témoignages sont trop nombreux, trop similaires, trop « vrais » pour être réduits au manque ou à la projection.

Témoignages de mes clients

Au fil des années, j’ai entendu des dizaines et des dizaines de témoignages. Des ingénieurs, des artisans, des cadres, des étudiants, des personnes âgées, des non-croyants convaincus, des catholiques pratiquants, des agnostiques. Tous ont cette même hésitation, cette même crainte d’être jugés, ce même besoin d’être crus au moins dans la réalité subjective de ce qu’ils ont vécu.

Voici quelques témoignages de mes clients qui racontent leur VSCD :

  • « J’étais en visio avec Ingrid, et nous parlions de ma fille, celle qui était peintre. J’ai chez moi plusieurs de ses tableaux au mur. Ce jour-là, juste au moment précis où nous avons commencé à parler d’elle, l’un de ses tableaux s’est décroché et est tombé, sans raison apparente. C’était comme si elle se manifestait et voulait nous dire qu’elle était encore là, présente à sa manière. Je suis restée interdite, et même si je suis quelqu’un de rationnel, ce moment m’a profondément touchée. » Carole.
  • « J’étais dans mon appartement d’étudiant, toutes les lumières étaient éteintes. D’un coup, une lumière vive en forme de silhouette est apparue dans la pièce. J’ai immédiatement ressenti que c’était mon grand-père. Le lendemain, j’ai appris qu’il venait de mourir d’une crise cardiaque et que cette lueur était apparue exactement à l’heure où il nous avait quittés. Pour moi, il est venu me dire adieu. » Matthieu.
  • « J’étais en réunion de famille, et mon téléphone était posé sur la table. Tout à coup, sans que je touche à quoi que ce soit, il s’est allumé tout seul. Et là, s’est affichée une photo de ma sœur, qui nous a quittés il y a quelques années. Nous avons tous été sous le choc et profondément émus par ce moment. Elle avait trouvé une façon de se manifester. Comme si elle voulait participer à la réunion. » Paul.
  • « J’ai perdu ma sœur il y a quelque temps, et nous étions toutes les deux de grandes fans des Beatles. Après son décès, je lui ai demandé en prière de m’envoyer un signe en précisant que ce serait amusant si ça pouvait être un scarabée. En clin d’œil à notre passion commune. Un jour, en séance avec Ingrid, j’ai entendu un petit bruit contre la baie vitrée. Nous avons vu un scarabée qui tapait plusieurs fois contre la fenêtre, comme s’il insistait pour se faire remarquer. Pour moi, c’était évident : c’était ma sœur qui venait me faire coucou. ». Béatrice.

Parfois les histoires sont plus simples : l’impression de sentir « exactement le poids » d’une présence sur le lit, la certitude qu’une phrase entendue dans sa tête n’est pas la sienne, ou lorsque l’on se retourne parce qu’on sent que quelqu’un se tient derrière soi.

Ma posture thérapeutique

En tant que thérapeute, je considère ma place comme un espace d’accueil. Je ne dis ni : « Oui, c’était votre mari », ni : « Non, c’est votre cerveau », car cette alternative ne rend pas justice à la complexité du vécu. Je préfère : « Racontez-moi », et j’observe comment l’expérience s’inscrit dans le chemin de deuil, en restant attentive à son impact.

En tant qu’hypnothérapeute spirituelle et médium, je suis convaincue de l’authenticité des VSCD, car j’accompagne régulièrement mes clients dans des contacts volontaires avec leurs défunts et il m’arrive aussi de les percevoir. La médiumnité fait partie de mon quotidien, ce qui rend ces confidences familières. J’ai moi-même vécu une VSCD avec ma mère, et cette expérience m’a émue et m’a permise une compréhension de ce phénomène.

Conclusion

Certaines expériences spontanées, sont vécues comme un « cadeau », et aident à avancer. À faire la paix. À intégrer que, peut-être, quelque chose ou quelqu’un continue d’exister… autrement.
Je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit. Mais il est indéniable que de s’ouvrir à cette possibilité a vraiment un impact positif. Dans la grande majorité des cas, les personnes disent se sentir moins seules, moins perdues, plus reliées. C’est ça qui importe le plus pour moi : l’effet que cela produit.

C’est précisément pour cela que j’ai créé l’EMDR Spirituel®  : pour offrir un espace où la dimension spirituelle peut exister sans qu’il soit nécessaire d’y croire. Les VSCD font partie intégrante du deuil et doivent être accueillies naturellement.

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous conseille vivement cet ouvrage de référence : Contacts Spontanés avec un défunt – Une enquête scientifique atteste la réalité des VSCD de Evenyn Elaesser, préfacé par Christiphe Fauré.